Portrait d’une agricultrice visionnaire : Anne et son engagement

Anne PAULHE-MASSOL, agricultrice, 50 ans, nous partage son parcours et son engagement pour une agriculture moderne et durable.

Héritière d’une tradition agricole familiale, Anne a suivi sa vocation depuis son plus jeune âge. Après avoir décroché son diplôme d’ingénieur en agroécologie et agriculture durable, Anne a occupé pendant vingt ans le poste de directrice de l’innovation au sein de la coopérative Arterris.
En 2020, après avoir acquis un ancien domaine agricole avec son époux, elle a entrepris le projet audacieux de se lancer dans une nouvelle aventure en tant qu’exploitante agricole.
Son ambition ? Allier innovation et écologie en se spécialisant dans la culture de champignons et l’élevage ovin, tout en développant sur ce lieu emblématique, une activité d’hébergement haut de gamme et de restauration « fait maison ».

Un projet novateur et ambitieux, porté par un engagement écologique fort

Anne nous présente avec fierté le Domaine d’Escons, situé à 40 km de Toulouse, qui s’étend sur 8 ha. Le cœur du projet est une exploitation agroforestière novatrice, pensée pour favoriser le stockage du carbone dans le sol et promouvoir une agriculture durable. Le verger à champignons est cultivé sur 5 hectares avec 2 600 pins mycorhrizés, qui offriront un environnement propice à la culture de lactaires délicieux et sanguins, deux variétés de champignons aux qualités gustatives très appréciées.

 

« J’ai pensé mon exploitation comme un système global, structuré et cohérent de l’amont à l’aval.  Opter pour un modèle agroforestier s’est imposé comme une évidence pour moi, et fait écho à mon engagement en faveur d’une agriculture durable et responsable. »

 

Attirée par les productions innovantes exigeant de la rigueur, Anne conjugue avec succès production végétale, animale et forestière. La bergerie est implantée harmonieusement au cœur du verger à champignons et son troupeau d’une trentaine de brebis entretient les parcelles en éco pâturage tournant. Les agneaux, qui grandissent sous la mère, sont ensuite valorisés à la ferme auberge et à la table hôte.

Pour compléter le dispositif, un potager, fertilisé par le fumier des brebis, alimente la cuisine. Plus tard, Anne aimerait planter des figuiers, des noisetiers et installer un atelier de poules pondeuses. Autant de produits qui viendront enrichir les recettes qu’elle propose à ses hôtes.

 

Une quête constante de la qualité

L’accueil à la ferme représente un élément économique central de son projet. Le domaine propose quatre chambres d’hôtes, pouvant héberger jusqu’à onze personnes, ainsi qu’une table d’hôte et une ferme auberge pour la restauration. Chaque plat, préparé sur place, met en valeur les produits de la ferme ou ceux provenant de fournisseurs en circuit court.

Orienté vers le haut de gamme, l’établissement accueille également des séminaires d’entreprise et offre ainsi un cadre unique pour conjuguer travail et détente.

Anne poursuit sa quête incessante d’excellence, tant dans la production agricole que dans l’accueil à la ferme. Avec des labels tels que Gite de France 4 épis, Bienvenue à la Ferme, Eco-responsable et Tourisme durable (en cours), ainsi qu’un verger certifié bio, son exploitation bénéficie de reconnaissances qui mettent en valeur son engagement.

Pour aller plus loin dans cette démarche de qualité et de transmission de savoir-faire, Anne propose des visites de sa ferme et la participation aux tâches agricoles quotidiennes pour faire découvrir son métier.

Un parcours préparé avec soin

Préparation et accompagnement ont été les maîtres mots du parcours d’Anne avant de se lancer dans son projet d’installation. Dès le départ, elle a sollicité la junior entreprise ESCadrille de TBS (Toulouse Business School) pour réaliser une étude de marché, jetant ainsi les bases d’un positionnement haut de gamme pour sa maison d’hôtes, une véritable innovation en France.

Sur le plan de la qualité et des choix stratégiques de gestion d’exploitation, elle a bénéficié d’un soutien précieux de la part de l’INRAE notamment. Du point de vue financier, elle a pu compter sur une subvention de la Région Occitanie avec un fond dédié à l’agritourisme pour la rénovation de la bâtisse. Les subventions pour la plantation ont été octroyées par la Région Occitanie et l’Association Française d’Agroforesterie.

 

Cultiver son rêve, les 2 pieds sur terre

Malgré les défis rencontrés en tant que femme dans un milieu majoritairement masculin, Anne a su affirmer son expertise et son leadership. Elle souhaite partager un message fort avec les femmes désireuses de s’installer. Pour elle, croire en son projet est la première étape. Se lancer dans l’agriculture demande une motivation profonde et une passion indéfectible, mais aussi une prise de conscience de la charge de travail importante qui accompagne ce métier. Anne souligne également la nécessité d’être bien entourée, que ce soit par ses proches ou par des professionnels. Elle encourage vivement à solliciter l’aide des différents acteurs du monde agricole pour obtenir un soutien financier, technique, administratif, voire une formation, car de nombreuses formes d’accompagnement à l’installation sont accessibles. Grâce à son expérience en tant que salariée, Anne a su appréhender l’écosystème agricole et trouver les bonnes personnes pour la soutenir dans son projet. C’est important.

Elle conclut en adressant un message plein d’espoir aux femmes désireuses de s’installer : « Avoir sa propre entreprise agricole est une chance unique qui offre la possibilité de vivre dans un environnement privilégié ». Et pour faire face à la question de la pénibilité au travail, Anne insiste sur la nécessité de réfléchir à des méthodes de gestion différentes, telles que l’emploi de personnel saisonnier, les services de remplacement et l’ergonomie du travail pour éviter les problèmes de santé. Son récent prix “Femme de Food” mettant en lumière les femmes dans le monde de l’agriculture et de l’agroalimentaire, vient couronner son engagement et constitue un exemple inspirant pour les femmes souhaitant se lancer dans l’agriculture.

Crédit photo : Award Photographie

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Charline Kohler

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