L’intelligence artificielle, troisième révolution de l’agriculture française ?


Dans son histoire récente, l’humanité a traversé deux révolutions agricoles majeures. La première s’est caractérisée par l’abandon de la jachère et l'introduction de rotations de cultures combinant céréales et fourrages. La seconde, au XXe siècle, a été marquée par la mécanisation, l'utilisation soutenue d'engrais et de produits de protection des plantes, ainsi que par l'amélioration des semences avec les variétés hybrides.
Aujourd'hui, l'intelligence artificielle (IA) est là, transformant profondément nos modes de vie, d'apprentissage et de travail. Elle amorce une troisième révolution agricole et propose des solutions innovantes aux défis actuels et futurs. La France, première puissance agricole européenne, possède toutes les qualités pour exceller dans ce domaine, et devenir un acteur majeur de cette nouvelle ère.

Sylvain Zaffaroni, expert en tendances alimentaires, a cofondé en 2015 un média en ligne, “Pour nourrir demain” visant à promouvoir une alimentation plus saine et durable en France.  Pour aller plus loin, ils ont créé en 2019 la “Communauté Pour nourrir demain”, un réseau qui rassemble les acteurs désireux de transformer le système alimentaire. Sylvain explore également les dernières technologies, telles que l’intelligence artificielle, et partage ses observations pour transformer notre manière de nous alimenter.

 

L’IA générative : une révolution silencieuse dans les champs

Les agriculteurs, qui ont été parmi les premiers à mécaniser leurs tâches, sont aujourd’hui à un tournant décisif avec l’émergence de l’IA générative. Depuis le début des années 2000, l’agriculture de précision leur offre la possibilité d’automatiser certaines tâches et de recueillir des données précieuses pour affiner leur choix. L’IA générative introduit une dimension innovante en produisant des contenus originaux à partir d’instructions en langage naturel, et en reproduisant les modèles observés dans les données. Grâce à des algorithmes sophistiqués, des machines agricoles autonomes peuvent désormais analyser en temps réel des quantités massives d’informations (textes, images, vidéos, audios, etc.), provenant de capteurs, de drones ou de satellites. Cette capacité permet, par exemple, la surveillance des cultures, l’optimisation des traitements phytosanitaires avec une précision au centimètre carré près, la prévision des récoltes, et la détection rapide des maladies et parasites.

« L’IA peut être comparée aux cinq sens humains : les robots agissent comme des mains pour les tâches en culture ou en élevage, les drones et satellites jouent le rôle des yeux, tandis que les capteurs fonctionnent comme les oreilles et le nez. Cette technologie allège considérablement le travail de l’agriculteur en agissant comme un véritable copilote, améliorant ses choix et augmentant l’efficacité de ses tâches, tout en lui laissant la décision finale. »

Cependant, cette transformation soulève plusieurs questions : comment s’assurer que les outils soient utilisés de façon efficiente ? Comment garantir la cybersécurité de ces systèmes complexes ? Ces défis doivent être relevés par les chercheurs, les industriels et les pouvoirs publics pour que l’agriculture soit plus productive, durable et équitable.

« L’agriculture de demain est également portée par des startups innovantes de l’AgTech qui combinent recherche et nouvelles technologies pour transformer les secteurs agricole et agroalimentaire. Elles développent des solutions plus performantes et respectueuses de l’environnement, et jouent un rôle clé pour relever le défi de nourrir une population mondiale croissante avec des ressources limitées. »

 

L’IA, un atout pour l’agroalimentaire, mais un potentiel encore inexploité

L’intelligence artificielle a prouvé son efficacité dans de nombreux domaines. Dans l’industrie agroalimentaire, elle a d’abord été appliquée au marketing, avant de s’étendre à l’optimisation des performances, en accélérant les analyses, en améliorant les procédés de fabrication, en prévoyant la maintenance des machines, en assurant la traçabilité des produits et en anticipant les tendances de consommation. Cela requiert une collecte massive de données. Toutefois, son potentiel pour la sécurité alimentaire et la qualité des produits est encore largement sous-exploité. Malgré l’équipement croissant des usines en capteurs, les données disponibles ne suffisent pas à entraîner des modèles d’IA capables de détecter les anomalies en temps réel.

Pour les consommateurs, l’IA reste est encore peu intégrée dans le quotidien d’achat, alors qu’elle pourrait jouer un rôle significatif en proposant des recommandations personnalisées, en fournissant des informations sur l’origine des produits ou en alertant sur les risques sanitaires potentiels.

Pour qu’une IA soit réellement efficace, elle doit être alimentée par des données fiables et représentatives. Garantir aux consommateurs la sécurité et la transparence des systèmes d’IA est essentiel, tout comme l’établissement d’un cadre réglementaire adapté au secteur agroalimentaire.

« Que ce soit dans le secteur agricole ou dans l’industrie agroalimentaire, nous devons adopter l’IA comme un outil indispensable pour relever les défis futurs. »

 

Les coopératives, fer de lance de l’IA agricole

Bien que la maturité numérique progresse dans le secteur agricole, l’intégration de l’IA rencontre encore des résistances psychologiques. La peur que la technologie remplace l’humain, la crainte de perdre du temps à maîtriser ces outils, ainsi que les préoccupations concernant la protection des données, freinent encore l’adoption de ces nouvelles solutions.

« C’est dans ce contexte que les coopératives jouent un rôle primordial. En tant qu’acteurs de proximité, elles sont idéalement positionnées pour accompagner les agriculteurs dans cette transition numérique et devenir des partenaires clés, capables de démystifier l’IA, de montrer l’exemple et de faciliter l’accès à cette technologie. »

En organisant des formations et des ateliers, les coopératives peuvent présenter de manière claire et concrète ce qu’est l’IA et comment elle peut améliorer les pratiques agricoles. En mettant en place des projets pilotes, elles montrent l’efficacité de ces outils et renforcent la confiance. Par ailleurs, en créant des partenariats avec des fournisseurs de solutions IA, elles proposent des offres adaptées aux besoins spécifiques de chaque exploitation.

Mais leur rôle ne s’arrête pas là. Elles pourraient également devenir des gestionnaires de données en centralisant et analysant les informations collectées par leurs adhérents. Les résultats, partagés avec les agriculteurs, fourniraient des informations précieuses pour la gestion de leurs exploitations et nourriraient les réflexions stratégiques des coopératives elles-mêmes.

« L’IA est particulièrement pertinente pour les activités nécessitant prévision et précision, ce qui en fait un outil précieux pour le secteur agricole. Toutefois, pour atteindre son plein potentiel, elle a besoin de l’intervention humaine et ne peut se passer du bon sens paysan.  Pour réussir cette révolution numérique, il est essentiel de s’appuyer sur l’expertise et le savoir-faire des coopératives, qui sont des acteurs clés de la transformation numérique de l’agriculture. »

Retourner aux actualités

Contact presse

 

Contact presse

Charline Kohler

+33(0)5 32 11 07 32

charlinek@oxygen-rp.com

Nos Actualités