La Ferme Digitale : un projet ambitieux pour transformer l’agriculture

Tag : innovation
Date : 07/11/2024
Type : Actualités

Depuis trois ans, Jérôme Le Roy, à la tête de La Ferme Digitale, conjugue innovation et passion pour rendre l’agriculture plus productive, durable et résiliente, grâce aux nouvelles technologies. Dans cet entretien, il nous éclaire sur les avancées extraordinaires de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur agricole et sur les perspectives qu'elle ouvre.

L’intelligence artificielle au service des agriculteurs

L’intelligence artificielle a profondément métamorphosé l’agriculture moderne, en intégrant un large éventail de données et d’images, pour alimenter les outils d’aide à la décision (OAD). Ces outils permettent d’améliorer la gestion quotidienne de l’exploitation et de faciliter la prise de décisions stratégiques. L’IA est devenue un outil essentiel, grâce à des technologies telles que les logiciels basés sur les données satellites, les robots, les capteurs, les caméras et les machines agricoles connectées, ainsi que les plateformes de vente ou d’achat en ligne. Aujourd’hui, les agriculteurs affinent les dates de leurs travaux agricoles, améliorent la gestion quotidienne de leurs exploitations, et réduisent l’utilisation d’intrants. Le résultat est un bénéfice double : des économies significatives et un impact environnemental réduit.

« Les modèles d’IA générative ont fait un bond spectaculaire. Désormais, les agriculteurs peuvent poser des questions complexes à leur ordinateur et recevoir des réponses personnalisées en quelques secondes. Cependant, si l’IA générative offre des perspectives prometteuses, deux défis majeurs subsistent. D’une part, la qualité des réponses dépend fortement des données utilisées comme référence, ce qui rend primordial le développement de modèles adaptés aux spécificités agricoles régionales. D’autre part, l’efficacité de l’IA repose sur la précision du prompt, c’est-à-dire sur la manière dont les questions sont formulées, afin d’obtenir des résultats réellement pertinents. », explique Jérôme Le Roy.

L’agriculture du futur : un écosystème d’innovations

L’IA générative ouvre la voie à des solutions novatrices pour rendre l’agriculture plus durable et plus rentable. Elle soutient les agriculteurs dans leur adaptation au changement climatique, la protection de l’environnement et l’amélioration de leurs revenus.

 ” L’IA n’est qu’un élément d’un écosystème d’innovations plus vaste.
La blockchain, joue un rôle clé en garantissant une traçabilité inédite des produits agricoles. Son système de stockage partagé et sécurisé des données, permet un suivi transparent et infalsifiable des aliments, de la ferme jusqu’à l’assiette des consommateurs.”

La montée en puissance de l’IA passe par la collaboration et la formation

Pour encourager l’adoption de ces nouvelles technologies, la profession agricole se mobilise et de nombreuses initiatives voient le jour. Le premier hackathon GAIA, dédié à l’agriculture, organisé par La Ferme Digitale en partenariat avec Comexposium lors du dernier salon SIA’PRO, en est un exemple marquant.

« Pendant 48 heures, huit équipes de développeurs ont travaillé sur des solutions innovantes répondant aux défis de la profession tels que la transmission des exploitations, l’attractivité du métier, l’accès au foncier, l’environnement, l’assolement et la gestion administrative. C’est une première mondiale ! », souligne Jérôme Le Roy.

Pour déployer l’IA efficacement dans les coopératives et les exploitations agricoles, une collaboration étroite entre les divers acteurs est indispensable. Cette montée en puissance repose sur deux étapes clés : l’expérimentation et la formation.

La première consiste à tester les nouvelles solutions, à petite échelle sur des périodes courtes de deux à trois ans, dans une logique de les adapter, rapidement et en amont, aux réalités des territoires.

La seconde concerne le déploiement des outils arrivés à maturité. Pour gagner en agilité et en rapidité, les acteurs du conseil et de la distribution agricole, les coopératives et les chambre d’agriculture doivent agir en soutien des start-ups et des porteurs de projets.

« Le manque de temps est un obstacle majeur chez les agriculteurs, d’autant plus qu’il se retrouvent à se former seuls aux nouveaux outils. Tous les acteurs doivent s’engager auprès d’eux pour consolider des solutions en adéquation avec les besoins sur le terrain »

Un modèle unique pour chaque territoire rural  

Bien que l’IA générative ouvre de nouvelles perspectives pour l’agriculture, elle n’a pas encore acquis une compréhension suffisamment fine des particularités locales, ce qui limite la fiabilité de ses réponses. L’AgriTech vise donc à développer des modèles de langage spécifiques, dédiés à chaque entité, qu’il s’agisse de villes, de régions, de coopératives, de semenciers ou d’industriels. L’idée est de permettre à chaque acteur de l’agriculture de créer et d’utiliser son propre système d’IA, conçu sur mesure, pour répondre aux besoins locaux.

« Les coopératives jouent un rôle central dans cette transformation. En mutualisant leurs données, elles permettent de concevoir des modèles d’IA mieux adaptés aux spécificités locales, offrant ainsi des réponses plus précises aux agriculteurs et permettant aux coopératives d’adapter leur propre stratégie. », précise Jérôme Le Roy.

Jérôme Le Roy imagine l’agriculture de demain comme une mosaïque de modèles distincts, chacun spécifiquement conçu et adapté aux petits territoires, à leurs ressources et à leurs spécificités pédoclimatiques. Pour réussir la transition générationnelle et environnementale, les exploitations devront prendre des risques calculés et continus, afin de s’adapter au contexte local. Les coopératives devront, quant à elles, développer des stratégies de résilience pour mieux anticiper les évolutions futures.

« Chaque agriculteur, ou futur agriculteur, devra envisager son exploitation en répondant à la question suivante : comment mon exploitation devra-t-elle évoluer dans 30 ans pour rester viable et faire face aux défis climatiques ainsi qu’aux attentes des consommateurs ? » conclue Jérôme Le Roy.

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